La CGT AFPA

Temps de lecture : < 3 mn

Déclaration CGT sur l’IA lors du CSEC des 26 & 27 mars 2025

 

La CGT tient à remercier chaleureusement la direction pour son effort éditorial remarquable. Réussir à produire un document de neuf pages sur l’intelligence artificielle (IA) sans y inclure la moindre information concrète sur… l’introduction de l’intelligence artificielle, il fallait oser ! Bravo pour cette prouesse littéraire digne d’un exercice de style.

Blague à part, rappelons que l’IA n’est pas une simple lubie technologique, mais une réalité qui impacte déjà les conditions de travail. L’AFPA n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai : en mars 2023, une enquête avait été menée sur les usages actuels et potentiels de l’IA générative au sein de la direction de l’ingénierie. Le sujet a également été abordé en commission Avenir en juillet 2023. Pourtant, aujourd’hui, silence radio sur le contenu, le suivi et les conclusions de ces travaux…

Nous profitons donc de cette occasion pour rappeler à la direction qu’introduire une nouvelle technologie dans une entreprise ne se fait ni à la va-vite, ni en catimini.

Selon l’article L. 2312-8 du Code du travail, le CSEC doit être informé et consulté sur toute modification affectant l’organisation, la gestion et la marche générale de l’entreprise.

L’IA en fait évidemment partie. Pourtant, la direction semble avoir opté pour une approche fondée sur l’opacité et la surprise.

Un comble, d’ailleurs, quand on sait que l’AFPA a récemment signé l’Engagement en faveur d’une IA digne de confiance dans le monde du travail. Cet engagement repose sur six principes majeurs :

-> Promouvoir le dialogue social

-> Investir dans le capital humain

-> Garantir la sécurité, la santé, l’autonomie et la dignité au travail

-> Garantir la non-discrimination sur le marché du travail

-> Protéger la vie privée des travailleurs

-> Promouvoir la productivité et l’inclusion dans les entreprises et les chaînes de valeur

Sur le papier, ces engagements sont louables. Mais dans les faits, que constatons-nous ? Aucune concertation avec les représentants du personnel, aucune stratégie d’accompagnement, aucune garantie sur les conséquences de l’IA sur l’emploi et les conditions de travail. Autrement dit, les actes de la direction sont en totale contradiction avec les engagements qu’elle prétend défendre.

Nous savons que l’IA est déjà utilisée dans certaines directions, sans aucun cadrage ni formation adaptée. Vous en faites d’ailleurs vous-même le constat. Il ne s’agit donc plus d’un projet futur, mais bien d’une réalité qui exige une orientation claire, une transparence totale vis-à-vis des instances représentatives du personnel et une véritable formation des salariés, bien au-delà d’une simple “sensibilisation” comme évoqué dans votre présentation.

De plus, la direction annonce la création d’une direction de projet dédiée à l’IA, mais sans fournir la moindre information sur sa stratégie, en dehors d’une vague charte de bon usage. Nous réclamons donc une véritable méthodologie d’accompagnement, et non un simple PowerPoint rempli de généralités.

Enfin, restons vigilants : l’IA ne doit pas être un prétexte à une augmentation de la productivité au détriment du cœur de métier des salariés. Nous serons particulièrement attentifs à ce que cette technologie ne devienne pas un levier de précarisation, une source supplémentaire de surcharge de travail ou une menace pour l’emploi des salariés de l’AFPA, déjà fortement fragilisés.

Nous exigeons :

-> De la transparence, avec des informations précises et accessibles sur les usages et impacts de l’IA à l’Afpa

-> Une consultation réelle du CSEC, et non une information a posteriori sur des décisions déjà prises

-> Une stratégie d’accompagnement claire, intégrant un cadre réglementaire, un suivi rigoureux et une formation réelle et adaptée pour l’ensemble des salariés concernés.

En attendant, nous recommandons à la direction d’investir dans une IA capable de rédiger un document un peu plus consistant. Ce serait un bon début.