L’AFPA, opérateur du Service Public de l’Emploi 

Table ronde animée par Hervé BASIRE (ancien Secrétaire Général de la Fédération de l’Enseignement, de la Recherche et de la Culture)

Extrait de l’intervention de Jean-Marie Marx lors du colloque organisé par la CGT et la CGT AFPA le 17 novembre 2016, à l’occasion des 70 ans de l’AFPA.

 Un ouvrage a été publié à cette occasion :  L’AFPA, la pédagogie de la promotion sociale. Ed. Syllepse, 2019


Jean-Marie Marx[1]

Merci à vous. Bonjour à toutes et à tous.

Tout d’abord merci de m’avoir invité. En introduction de cette table ronde, je voulais dire que j’ai suivi l’AFPA depuis à peu près quarante ans, à différents endroits, au ministère, en région et bien évidemment à l’ANPE. J’ai eu notamment à travailler sur les contrats de progrès.

Une première réaction, ce qui je crois, peut nourrir cette table ronde, c’est que l’AFPA a toujours su relever des défis par le passé. Vous avez évoqué des périodes un peu compliquées, j’ai entendu parler du plan social de 1986. L’AFPA a été créée dans un contexte de reconstruction, de réindustrialisation de la France avec des besoins extrêmement importants de l’économie, elle a accompagné les besoins de formation des demandeurs d’emploi bien évidemment mais aussi, de manière un peu plus récente ceux des salariés, avec des beaux parcours. Quelque part un nouveau départ se dessine à l’horizon.

Une deuxième chose, les témoignages – je ne sais pas si vous les avez choisis exprès – reflètent bien ce que les stagiaires, les personnes qui sont formées, avec des problématiques souvent différentes, vivent à l’AFPA. Une problématique de reconversion parfois, de réponses à des besoins de l’économie, la formation d’analystes programmeurs dans les années 1980, par exemple et aussi, des réponses à des projets personnels. Nous avons vu le parcours de la jeune femme, qui peut paraître chaotique mais qui, en réalité, répond à ses aspirations. Elle a le même âge que mon fils qui vient de finir l’année dernière une formation à l’AFPA.

Je ne dis pas que c’est exactement le même profil que celui de la jeune femme qui a témoigné, mais il est parti dans une direction, puis il a eu envie de faire autre chose, d’être sur des projets personnels. Ce n’est pas la taille de pierre mais les maisons à ossature bois, le travail du bois en Bretagne. Il a trouvé son emploi et réussi son  évolution professionnelle. Des parcours peuvent paraître atypiques, c’est vrai, mais dans des parcours professionnels, lorsqu’ils répondent à des aspirations, il y a des choses jouables et l’AFPA y répond.

Ces questions sont encore au cœur des sujets aujourd’hui. Si je devais en reprendre quelques-unes, je pense que l’effort de formation à faire dans ce pays reste très important. Il est encore inégalement réparti, même si, peut-être, il y a des choses qui s’améliorent. Mais cela doit rester une préoccupation constante, parce que l’on sait bien que l’accès à la formation des salariés moins qualifiés est plus difficile que pour les salariés les plus formés et les plus diplômés. L’AFPA a un rôle important à jouer pour l’accès à la formation des demandeurs d’emploi.

Le Plan 500 000 est important dans ce contexte. On sait bien, paradoxalement, que 50 % des salariés se forment dans l’année et que les demandeurs d’emploi ne sont que 20 % à se former, selon les comptages. Il était important de faire cet effort de formation, surtout dans cette période.

Les notions d’ascenseur social, de promotion sociale me paraissent importantes. On voit bien que, dans les formations qualifiantes, l’ascenseur social, la promotion sociale sont des objectifs. Il y a beaucoup de débats politiques sur ce sujet. Je crois que les formations de l’AFPA et ses parcours y contribuent largement comme elles apportent des réponses aux besoins de mobilités, de transitions professionnelles, aux ruptures professionnelles.

Il y a aussi le problème des personnes qui ne sont plus à l’aise dans leur travail, qui décrochent dans leur entreprise. Là, ce sont toutes les actions de type CléA, illettrisme, qui peuvent être mises en œuvre. Il y a aussi les réponses aux besoins de compétences des entreprises.

Ces enjeux restent extrêmement importants aujourd’hui, cette transformation de l’AFPA en EPIC est une belle opportunité, il faut s’en saisir. Bien évidemment, cela soulève des problèmes, je ne dis pas qu’il n’y en a pas, ils ont été évoqués, qu’il s’agisse des questions de concurrence, de compétitivité, de performance, on les connaît. Beaucoup d’efforts ont été faits, en même temps de belles perspectives se dessinent.

Le compte personnel de formation, l’information des demandeurs d’emploi, les réponses aux besoins de l’économie sont des développements possibles et c’est sans doute ce qu’il faut mettre en avant. C’est la raison pour laquelle j’ai parlé de nouveau départ.

Un dernier point me semble important, parce que j’ai entendu à plusieurs reprises que vous aviez évoqué le sujet des psychologues de l’AFPA, qui sont devenus des psychologues du travail. Il y a un enjeu autour du conseil en évolution professionnelle dans la réforme de la formation professionnelle qui est un outil d’accompagnement des personnes, de responsabilisation avec le compte personnel de formation. Personnellement, en tant que Président du Cnefop, en charge du suivi de la réforme, cela me paraît une question importante à améliorer. Des choses ont été faites mais tout le monde n’en bénéficie pas. Il y a des pratiques différentes d’un endroit à l’autre, iI y a donc encore beaucoup d’efforts à faire dans ce domaine.

Dernière chose importante qui a été évoquée, c’est l’accompagnement des stagiaires, leur offrir la possibilité de vivre ensemble. Avec l’hébergement – mon fils était hébergé effectivement dans un centre AFPA – les stagiaires n’habitent pas tous forcément à côté d’un centre de formation et par conséquent la possibilité de disposer d’un hébergement, c’est, d’une part l’hébergement, c’est la restauration, mais c’est aussi le collectif qui se crée et se vit au sein des centres AFPA.

Voilà quelques-uns des atouts que je souhaitais évoquer. Bien évidemment, je souhaite la poursuite de cette belle aventure qui dure depuis soixante-dix ans. Il y a peu d’institutions qui ont cet âge et il y a encore de belles perspectives pour l’AFPA dans les années à venir.

[1] Jean-Marie Marx est Président du Conseil national de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle (CNEFOP).