Déclaration CGT-AFPA du 17 juin 2025 – Saint Nazaire
Pour la délégation CGT-AFPA, la situation économique inquiète et le constat s’aggrave car notre outil de travail l’AFPA est très largement en danger. Les choix budgétaires actuels fragilisent profondément notre mission de service public. C’est pourquoi nous estimons nécessaire de dresser un rapide bilan de la situation de mars à fin avril 2025.
Au 31 mars, l’Excédent Brut d’Exploitation (EBE) demeure toujours négatif, malgré des restrictions déjà engagées depuis plusieurs mois. La Booklet économique de mars confirme une dégradation continue de nos marges et une pression croissante sur les dispositifs de formation.
En avril, nous avons constaté une baisse significative du volume d’heures stagiaires, impactant directement la dynamique de nos centres et mettant en tension certaines équipes pédagogiques, déjà sur-sollicitées. Ce recul traduit une fois de plus une logique de gestion par les flux, qui réduit les stagiaires à de simples unités de performance, au lieu de les considérer comme des personnes à accompagner vers une qualification et un avenir professionnel durable.
La direction régionale à une stratégie budgétaire à courte vue puisqu’elle mise sur une baisse massive des moyens en 2025, avec une réduction drastique de :
-66,64 % sur la sous-traitance
-63 % sur les frais de fonctionnement
-17 % sur la matière d’œuvre pédagogique (MOPO)
Ce que vous nommez « plan d’optimisation » n’est rien d’autre qu’une politique d’austérité appliquée à un service public. C’est une logique comptable brutale, qui fait porter l’essentiel des efforts sur l’activité de formation elle-même, en réduisant les outils, les matériaux, les temps de formations et les équipes. Tout cela dans un contexte d’inflation persistante, ce qui rend ces choix incompréhensibles et dangereux.
Comment peut-on aspirer développer l’AFPA en amputant ses moyens ?
Réduire de 17 % les matières pédagogiques (MOPO), c’est empêcher les équipes de former correctement. C’est demander l’impossible : faire mieux avec moins, toujours moins. C’est une injonction contradictoire, qui génère du découragement, du stress et une perte de sens dans les missions confiées aux salariés.
Pour la délégation CGT-AFPA, nous l’avons vu venir depuis des lustres ! Rationalisation ou abandon ? Ceci est le double langage de la direction dès lors qu’elle se retrouve en difficulté. En fait c’est le « tout » ou « rien », le On et le Off !
Ce discours, les salariés et leurs élus l’entendent depuis des années, mais depuis plusieurs semaines, le discours de la direction est ambigu. Derrière des termes techniques comme « rationalisation », « maîtrise des volumes », « économies d’échelle », se profile en réalité une stratégie beaucoup plus radicale : la fermeture programmée de formations jugées non rentables et la mise en sommeil de certains centres.
Quand le directeur financier, Monsieur Conor Marcus, défend ces mesures comme des ajustements « stratégiques », nous y voyons un désengagement déguisé, une politique de repli contraire aux valeurs de l’AFPA.
L’AFPA n’est pas une entreprise classique. Elle ne peut ni ne doit être pilotée selon les seuls critères de rentabilité immédiate. Nous refusons cette dérive vers un modèle low cost de la formation professionnelle.
Il est grand temps de tirer la sonnette d’alarme !
Nous alertons fermement sur les conséquences de cette politique :
- Réduction des temps de formation → parcours appauvris, stagiaires moins préparés, risque d’échec accru.
- Baisse des moyens humains et matériels → surcharge des équipes, tensions sur les plateaux techniques, qualité pédagogique en péril.
- Stratégie de repli → disparition de formations utiles mais non rentables, fragilisation des publics déjà vulnérables, recul du service public dans les territoires.
La délégation CGT-AFPA n’est pas donneuse de leçon, elle n’est pas non plus là pour vous donner des solutions, mais nous pouvons porter des alternatives.
La CGT-AFPA, au niveau régional et national, ne se résigne pas. Nous portons une autre vision, fondée sur la responsabilité sociale et territoriale de l’AFPA :
- Stop aux coupes budgétaires aveugles : L’EBE ne doit pas être redressé au détriment des stagiaires, des formateurs et de la qualité pédagogique.
- Oui à une politique de développement : Construite avec les salariés et en réponse aux besoins des territoires, pas contre eux.
- Transparence et partage des données économiques : Une analyse centre par centre, pour un diagnostic partagé.
- Maintien des formations utiles mais non rentables : Parce qu’une mission d’intérêt général ne peut être mesurée uniquement en euros.
L’AFPA est un acteur public, pas un prestataire low cost. L’AFPA a une mission d’intérêt général, souvent oubliée par l’État et les Régions : former, qualifier, accompagner les plus éloignés de l’emploi, répondre aux défis sociaux, écologiques et économiques des territoires.
Cette mission nécessite des moyens à la hauteur, une reconnaissance du travail accompli par les équipes, et une gouvernance réellement démocratique.
Les élus et représentant syndical de la CGT-AFPA, restent pleinement mobilisés avec son syndicat National et sa Fédération pour défendre un service public républicain de la formation professionnelle, fondé sur :
– La justice sociale
– L’égalité d’accès
– La qualité pédagogique
– Et la reconnaissance des agents qui font vivre l’AFPA au quotidien.
C’est pour cela que nous appelons en intersyndicale l’ensemble des salariés à faire du jeudi 26 juin, la journée centre mort pour être en totale solidarité avec les élus et les salariés qui monteront à Paris au Ministère du Travail et le jour même de la tenue du Conseil d’Administration.