Déclaration d’actualité CGT AFPA
CSEC octobre 2023
Madame la Directrice générale,
Au lendemain de sa diffusion, votre communication a suscité beaucoup de réactions, qu’elles soient écrites ou bien orales. Dans les couloirs des centres en région et/ou du siège à Montreuil, des salariés se sont étonnés du décalage entre le ton (presque) joyeux du discours et la gravité du fond du discours en lui-même. Passée cette première perplexité, plusieurs remarques/questions se posent.
1. L’inquiétude des salariés sur l’avenir de l’Afpa, mais aussi pour eux-mêmes
« La direction nous prépare-t-elle à un refus des tutelles d’une augmentation générale de salaire ? » ou bien « ça, ça veut dire que c’est foutu pour les augmentations des salaires ?… ». Les salariés le disent et l’ont partagé avec nous.
Rappelons-nous que les salariés étaient déjà très inquiets avant les mois de juillet et aout de cette année avec les annonces successives d’arrêts de recours aux CDD, des MOPO, des déplacements… et dernièrement, l’arrêt brutal de la négociation sur les salaires.
La CGT avait remonté cette forte inquiétude générale en CSEC dès juillet, puis en commission orientations stratégiques. La réponse : « … on ne peut pas nous reprocher de faire des économies (sic) » ou bien « certaines DR n’ont pas joué le jeu quant à leurs consommations d’enveloppes CDD, il nous semble nécessaire de retravailler sur la répartition des CDD ». Une communication de la direction générale devait déjà être transmise à cette époque…
Dans l’histoire de l’Afpa, chaque période de « gros serrage de ceinture » est annonciatrice de nouvelles peu réjouissantes. À quoi peut-on s’attendre cette fois-ci ?
Les promesses (non tenues) du retour à l’équilibre n’arrivent pas et au vu des derniers éléments économiques, cela n’arrivera pas de sitôt.
Pour la CGT AFPA, la situation économique 2022 et 2023 est comparable à celle de 2018 et 2019 (confirmée par les rapports d’expertise SEXTANT), et ce, malgré les départs (volontaires ou non) des collègues, malgré les subventions exceptionnelles successives de l’État… Durant la période du PSE, la CGT Afpa vous avait alerté, l’avait analysé, c’était notre crainte et malheureusement elle se confirme.
D’autant que les enquêtes et les expertises pour risques graves se multiplient : surcharges de travail constatées, les RPS deviennent le quotidien des salariés couplés à un début de faillite organisationnelle…
Les salariés ne sont pas dupes, ils ont bien compris que la situation de l’Afpa se dégrade d’année en année, que « nous nous dirigeons dans le mur » et, le seul élément que nous ne connaissons pas, c’est quand aura lieu l’impact ? Pouvons-nous l’éviter ?
La direction reconnait que les salariés « ont fait le job » et s’investissent quotidiennement malgré la situation difficile (euphémisme) de notre agence, elle nous voit… mais nous entend-elle ?
2. L’augmentation des couts de l’énergie servie à tour de bras et le problème de remplissage de nos formations (re) parlons-en !
La difficulté de sourcing : comment ne pas reprendre cette fameuse phrase qui devient un leitmotiv et qui est usitée partout et par tout le monde : « oui, mais bon… c’est le plein emploi » … formule qui est utilisée principalement par le gouvernement et qui sert à réduire drastiquement les budgets des services publics, entre autres de formation, alors que ce sont principalement les conséquences des effets de radiation qui sont à l’origine de ce fameux « plein emploi ». Mais ça personne n’en parle, ah si la CGT AFPA.
Selon la direction, une des solutions miracles serait France travail…
La direction estime que l’Afpa est en bonne place pour devenir un opérateur de référence sur les 15 à 20h d’activités qui seront imposées aux bénéficiaires du RSA. La CGT Afpa est plus que méfiante à ce sujet, les propositions de la direction mettent l’accent sur l’accompagnement « forcé » de publics fragilisés.
La vision du service public de l’emploi au service du patronat et non des citoyens, est à l’opposé de la vision de la CGT !
Cf. notre première analyse et celles de la CGT aussi...
Les couts de l’énergie : idem, un leitmotiv incessant comme une chanson dont on n’arrive pas à se débarrasser, mais quels plans d’action ambitieux à l’AFPA ont été mis en œuvre ? Quels travaux ou même quels projets de travaux pluriannuels ont été engagés, par exemple, sur nos bâtiments (véritables passoires énergétiques) pour limiter la casse et éviter des factures exorbitantes ?
Après avoir baissé le chauffage à 18° et enfilé trois pulls, on fait quoi ? Mettre des écrans de veille sur chaque ordi ?!
3. Enfin le « Kaa » des tutelles
La direction se veut rassurante en avançant la confiance (ça ne mange pas de pain !) des tutelles, ce qui est différent d’un réel soutien…
L’Afpa reste dans l’ombre et collée aux arbitrages du Ministère du Budget (Bercy) et limite de fait ses marges de manœuvre, sans parler du financement en HTS (heure travaillée stagiaire) par les régions qui, de fait fragilise économiquement l’Afpa, de manière systémique.
La CGT Afpa a toujours revendiqué que ce soit à l’interne dans les instances de l’ex CCE, du CSEC, au Conseil d’Administration, dans la commission avenir de l’Afpa, comme à l’externe (auprès des députés de l’Assemblée nationale) un COM – contrat d’objectif et de Moyens, plutôt qu’un COP – contrat d’objectif et de Performance.
Alors que le COP se termine à la fin 2023, le bilan est très loin d’être positif, en particulier sur le plan social et sur le plan économique.
La question des moyens que l’État s’engageait à apporter pour soutenir son EPIC est totalement absente de ce premier COP. C’est pourtant une question centrale, qui est d’ailleurs posée dans un rapport sur les relations entre l’État et ses opérateurs.
L’absence de COP pour de nombreux EPIC pose problème et dans plusieurs cas, ce sont plutôt des Contrats d’Objectifs et de Moyens qui devraient s’imposer.
En effet, « la circulaire de 2010 prévoyait trois situations dans lesquelles les contrats de performance pouvaient contenir un volet d’engagement financier : pour des opérateurs de l’État qui viennent d’être créés ou dont les missions ou encore l’organisation ont fait l’objet d’une modification substantielle ; pour des opérateurs qui exercent une activité comportant, à une échelle pluriannuelle, des enjeux budgétaires et financiers élevés ; pour des opérateurs dont la situation financière est fragile » (page 109 du rapport).
D’autant que finalement, l’État n’a d’autre choix que de combler les déficits annuels. Les questions de stratégie politiques et économiques que pose la crise écologique globale sont maintenant énoncées comme des évidences : souveraineté nationale, indépendance en ressources, transitions climatiques, énergétiques, écologiques, numériques, circuits courts, réindustrialisation, relocalisation, transformation du travail, etc.
Sauf que les décisions politiques sont loin d’être à la hauteur, elles sont même à l’inverse de cette vision que nous développons ici : pour la CGT AFPA, l’État doit utiliser son Agence en intégrant dans un COM, des objectifs clairs pour répondre à cette crise, assortis des moyens matériels, humains et financiers indispensables et durables.
La réponse doit être politique et elle s’annonce urgente avant qu’il ne soit trop tard. La CGT est force de propositions pour un développement durable de l’Afpa :
- Augmenter les subventions versées à l’AFPA pour ses missions nationales de service public, passer de 110 M€ à 250 M€, ce qui correspond à sanctuariser les versements « exceptionnels » devenus récurrents, en contrepartie de nouveaux programmes nationaux.
- Pérenniser les programmes Promo 16-18 et Prépa compétences, et embaucher en CDI les salariés qui contribuent à la réussite de ces dispositifs.
- Trouver une solution viable pour régler le problème de la dette de l’AFPA, qui pèse et empêche les investissements.
- Mettre en place un plan d’investissements pluriannuels permettant de rénover et d’isoler les bâtiments, rénover les hébergements, investir dans de nouveaux plateaux techniques de formation pour continuer à être à la pointe.
- Mettre un terme à la précarité galopante par un plan ambitieux d’intégration des précaires.
- Relever les salaires et développer des avantages sociaux comme le passage aux 32h, pour continuer à recruter des professionnels experts de leur domaine et retrouver l’attractivité de l’Afpa.
- Mettre en place un plan de départs anticipés (mesures d’âge) et la prise en compte des années d’études.
- Modifier la composition du Conseil d’Administration, en augmentant le nombre de représentants des salariés à l’instar d’autres EPIC, et intégrer des représentants des usagers. Les premiers impliqués par les décisions du CA doivent être mieux représentés.
- Lutter contre la fracture sociale sur le climat et le climato scepticisme .
- Mettre en place de nouveaux droits pour se former et se reconvertir. La disparition du CIF a laissé un grand vide, et son remplacement par le CPF de transition professionnelle n’est pas à la hauteur. Il faut favoriser les reconversions volontaires et non subies, qui répondent aux aspirations des travailleurs.
- Mettre en place les conditions d’une coopération entre les membres du SPE et les acteurs publics de la formation professionnelle, pour sortir de la concurrence délétère qui sévit aujourd’hui sans que leur efficacité ou la qualité du service rendu ne soit améliorée.
Pour la CGT-Afpa, la création d’un service public de la formation professionnelle regroupant AFPA, CNAM et GRETA aurait bien plus de sens et de portée.
Madame la directrice générale, il est urgent et indispensable de développer notre outil et défendre l’utilité de l’AFPA afin de répondre aux enjeux de demain !