On-veut-FORMER-Pas-FERMER

Paris le 26 juin 2025

 

Chères et chers collègues, Camarades,
Je prends la parole aujourd’hui en tant que secrétaire générale au nom du syndicat CGT-AFPA pour porter une alerte grave. Cette alerte nous réunit toutes et tous aujourd’hui à Paris. Nos collègues, avec les camarades des intersyndicales en région, se sont mobilisé·es en nombre dans un délai très court. Parce que nous sentons le danger qui plane sur l’AFPA, sur nos emplois, sur nos missions.

Merci à toutes et tous d’être en grève, et merci aussi à celles et ceux qui sont en grève mais n’ont pas pu monter à Paris. Merci également aux soutiens de tous celles et ceux qui ont rejoint les salariés de l’Afpa pour défendre le droit d’accès à une formation professionnelle pour toutes et tous partout sur le territoire.

Un rappel historique avant d’entrer dans le vif du sujet :

L’AFPA est issue d’un projet politique et social ambitieux, porté au lendemain de la Libération par le Conseil national de la Résistance et concrétisé sous l’impulsion d’Ambroise Croizat, ministre du Travail et figure majeure de la construction de notre modèle social.
Dès 1946, la création de structures de formation professionnelle pour les adultes visait à garantir à chacune et chacun le droit à une seconde chance, à la qualification et à l’émancipation par le travail.
C’est dans cette perspective que l’AFPA s’est construite comme un pilier du service public de la formation professionnelle, au nom d’un principe fondamental : le droit de toute personne à se former tout au long de la vie.
Ce droit, inscrit dans la continuité des conquêtes sociales issues du Conseil national de la Résistance, est aujourd’hui gravement menacé. Le fragiliser reviendrait à nier l’héritage de solidarité, de justice sociale et de progrès qui a façonné notre République sociale.
Nous sommes en effet confrontés, depuis des années, à un démantèlement progressif et organisé de l’AFPA. Une casse orchestrée par l’État et les Régions, qui se désengagent de leurs missions, bradent leurs opérateurs publics et font le choix de la concurrence, de la précarisation, et de la rentabilité à court terme.

Quelques exemples :

Dans les Hauts-de-France, la situation est emblématique… et dramatique !

Les premiers résultats du Programme régional de formation 2025 sont un coup de massue :
• Les formations “transport” ? Liquidées, confiées intégralement à une entreprise privée.
• Les formations tertiaires ? L’AFPA totalement écartée.
• Des formations supprimées en cascade, des centres vidés, à deux doigts de fermer, des dizaines d’emplois menacés.

Et comme si cela ne suffisait pas, l’AFPA se retrouve reléguée à des missions de découverte des métiers payées… 5 euros de l’heure, pour 70 heures programmées, sans indemnité pour les stagiaires ! Une insulte à notre métier, à notre expertise, à nos valeurs.

Ce sont des choix politiques : ceux de la Région, mais aussi ceux de l’État, qui laissent faire, qui organisent même ce démantèlement à travers des modalités de financement absurdes, des appels d’offres inhumains, des logiques de rentabilité déconnectées des besoins sociaux.

Et ce qui se passe dans les Hauts-de-France préfigure ce qui pourrait arriver ailleurs.

Autre triste exemple : en seulement deux ans, le Conseil régional d’Occitanie a réduit de quasi 35% les commandes de formation professionnelle à l’AFPA.

Non seulement la formation professionnelle des personnes privées d’emploi est devenue une marchandise ordinaire sur un marché livré au moins-disant tarifaire, mais elle est aussi déshumanisée sur le champ de bataille de la digitalisation.

L’État ne peut pas se contenter d’observer. Il doit assumer son rôle. Il doit garantir les missions de service public. Il doit défendre ses agences au lieu de les abandonner. Il doit cesser de traiter l’AFPA comme une variable d’ajustement budgétaire. L’état doit assumer le constat d’échec de la marchandisation de la formation professionnelle des privés d’emploi et redonner à son agence les moyens indispensables à la réussite de ses missions tant vis-à-vis de la nation que vis-à-vis des citoyens.

La France, pays des droits de l’homme et du citoyen, doit être fier de faire de son modèle social un exemple pour l’humanité toute entière. À l’heure où les idées d’extrême droite se banalisent, l’exemplarité de notre système social est le premier rempart pour défendre nos libertés, pour l’égalité entre tous les citoyens et pour une solidarité à la hauteur de la fraternité française.

Ce n’est pas d’un énième plan technocratique dont nous avons besoin. C’est d’une volonté politique claire pour faire de la formation un droit, pas un marché.

Rappelons-le encore une fois : l’AFPA est née dans l’élan du Conseil national de la Résistance. Ambroise Croizat la pensait comme un outil d’émancipation. Un levier de justice sociale.

Aujourd’hui, cette vision est piétinée. On sacrifie les centres. On pousse les salariés à la mobilité forcée. On impose la triple polyvalence. On détruit les conditions de travail.

Nous avions alerté dès janvier 2025, lors de notre Comité social et économique central :
• Sur les suppressions massives de secteurs de formation, mais aussi de nos hébergements et de nos services de restauration, pour des raisons de rentabilité supposée,
• Sur les risques de restructurations brutales, avec, en bout de chaîne, un climat de suspicion et de division qui touche l’ensemble de nos collègues,
• Sur les coupes budgétaires invisibles dans l’immédiat, mais ravageuses à court terme.

Nous y sommes. Les menaces deviennent réalité. Alors aujourd’hui, nous ne resterons pas les bras croisés.

La CGT AFPA, avec l’intersyndicale, est dans la rue avec les salarié·es de l’AFPA, devant le ministère du Travail.

Pour défendre nos emplois, nos missions, mais aussi notre dignité.
Pour exiger un engagement clair de l’État.

Pour rappeler que l’AFPA est un bien commun, un outil d’émancipation, une réponse aux besoins de personnel qualifié, un acteur clé de la réindustrialisation, des transitions sociales, écologiques et économiques.

• Nous refusons son démantèlement,
• Nous refusons sa suppression,
• Nous refusons la dilution de nos compétences,
• Nous refusons la précarisation de la formation, des formatrices, des formateurs et de l’ensemble des salarié·es.

Nous exigeons :

• Le maintien des centres et des formations sur tous les territoires,
• La fin de la mise en concurrence destructrice,
• La reconnaissance pleine et entière du rôle de l’AFPA,
• Et un engagement ferme de l’État pour garantir ses missions et son activité dans la durée.
Certes, l’heure est grave. Mais nous sommes debout, ensemble, avec le même objectif : la défense de l’AFPA.

Ce que nous défendons, nous le défendons pour toutes et tous :
• Pour les travailleuses et les travailleurs,
• Pour les demandeurs d’emploi,
• Pour les jeunes sans qualification, pour les seniors,
• Pour les entreprises qui ne trouvent plus de main-d’œuvre qualifiée,
• Pour les territoires oubliés,
• Et pour une société plus juste.

 

N’oublions pas que rien n’a jamais été obtenu sans lutte.
Ensemble, pour l’AFPA et son personnel.
Ensemble, pour la formation.
Ensemble, pour nos droits !